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Neverland

14 Juin 2018


Première piste de mon album à venir et la plus compliquée, Neverland est une chanson que j’affectionne particulièrement. C’est le point de départ de tout. Il me fallait bien 7 minutes pour m’exprimer sur ce sujet délicat. 


Cette chanson a été très dure à enregistrer pour moi et ce n’est d’ailleurs pas la version définitive que l’on peut entendre dans l’extrait. Me replonger dans mon passé n’est pas facile et en fait je ne veux pas vraiment. Aller de l’avant c’est toujours mieux. Inconsciemment je me bloque et je n’arrive plus à chanter, à faire passer les émotions. Je lutte et ça bloque encore plus alors on s’arrête, nous finirons l’enregistrement des voix plus tard. 


J’ai toujours été attirée par le Pays Imaginaire. Oui, j’ai un léger syndrome de Peter Pan. Et j’ai essayé de rejoindre cet endroit à ma façon…



L’histoire


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« Il était une fois dans notre monde, une fille perdue et seule. Son cœur était meurtri. » (Traduction Neverland)

#FlashBack : J’ai 17 ans. Je viens de perdre mon petit copain dont je suis très amoureuse. On ne s’est pas séparé non, il est simplement parti dans un endroit que certains appellent l’au-delà, que d’autres nomment le néant et que moi j’appellerai Neverland dans cette chanson. 

« Elle a essayé. Puis elle a commencé à se dire que le seul moyen de survivre était de partir… dans un autre monde. » (Traduction Neverland)

J’ai très mal vécu cette perte. L’incompréhension du « Pourquoi lui ? ». Je suis tombée tellement vite que je n’ai rien vu venir. Pas envie de parler. Pas envie de me confier. Je préfère tout garder, intérioriser. C’est comme ça, c’est de famille. Je me renferme sur moi-même. Je dis que ça va, même si mon moi intérieur hurle le contraire. Et au fond, je sais : ça ne va pas du tout. 


Je passe mes nuits à pleurer en regardant la Lune. Pourquoi la Lune ? Je ne sais pas, elle m’apaise. Je dors peu. Je réfléchis beaucoup. Je lutte contre la culpabilité. Ce n’était pourtant pas de ma faute. Un conducteur alcoolisé de plus. J’essaie de comprendre. Je ne comprends pas. Je cherche la force de continuer… sans lui. Je ne sais même pas où il est. Je ne sais pas comment faire alors j’écris. Je me défoule sur mes poèmes pour extérioriser. Ça fait mal. J’écris sur la mort en général. J’écris sur sa mort qui me brise. Je m’enfonce. Et de plus en plus j’écris sur ma mort… C’est peut-être ça la solution ? 


Je n’ai pas peur. J’ai mal. Les questions me rongent. Et ma tête ne m’aide pas. Trop de maux que je n’exprime pas. Trop de mots qui ne savent me guérir. Je commence à marquer mes bras. La scarification… Peu de personnes comprennent et pourtant c’est une manière d’évacuer. La douleur physique m’aide à oublier la douleur morale pendant un moment. Je suis « bien ». C’est une façade. 

« Pars et ne regarde pas en arrière… Tu dois partir… Tu dors… » (Traduction de Neverland)

Il y avait cette petite voix en moi qui m’incitait à le faire. Partir pour ne plus revenir. Et un jour, j’ai tenté de rejoindre Neverland. 


Cette chanson parle d’un voyage dans l’au-delà que beaucoup de personnes évoquent. Je me suis endormie. Ça devait être un sommeil éternel. Et ce doux rêve a commencé. Ces voix… comme des guides venus me chercher.

« La Lune est basse ce soir et notre bateau vogue à travers l’océan. » (Traduction de Neverland) 

C’est ce dont j’avais besoin : un guide pour m’en sortir. Quelqu’un qui me regarderait sans me juger, quelqu’un qui me comprendrait. Cette sensation de quitter tout ce qui fait mal était comme une douce mélodie à mes oreilles. Et honnêtement, plus rien ne comptait. J’étais seule dans cette tourmente. De la lumière… enfin. La fin des ténèbres dans lesquelles je m’étais plongée. Je vais mieux. Je vais bien. Normal, j’ai quitté Terre et lâché prise… 

« Le navire est parti, nous quittons ton monde… » (Traduction de Neverland)

Puis quelque chose s’est passé. Des questions. Toujours des questions… Pourquoi faut-il toujours que je me pose des questions ? Ça me rend dingue. Ce cerveau constamment en activité qui me plonge dans de sombres pensées me rend malade. 

« Ta vie vaut-elle la peine d’être vécue ? » (Traduction de Neverland)

C’est une vrai question, n’est-ce pas ? La réponse peut faire réfléchir et faire prendre de « mauvaises » décisions. Puis est venu le moment le plus important…

« Il est temps de choisir… que vas-tu faire ? » (Traduction de Neverland) 

Pourquoi revenir ? Encore une question à laquelle il était difficile de répondre. De nouveau affronter le regard des autres. Essayer tant bien que mal d’accepter. Mais accepter quoi ? Que je ne le reverrai jamais ? Que je ne partagerai plus jamais rien avec lui ? Que je ne pourrai plus jamais me blottir dans ses bras ? Que je vais mal… tellement mal ? Que je n’ai aucune idée de comment m’en sortir ? Est-ce que j’ai vraiment envie de m’en sortir ? J’en sais rien, parce que je suis paumée et j’aimerais vraiment pouvoir débrancher ce cerveau parfois…


Dans tous les cas, ce n’était pas le moment. Je ne regrette pas mon geste (même s’il a pu blesser mes proches), il m’a appris à apprécier la vie d’avantage. Je ne blâme pas mon entourage car ce n’est pas de leur faute, ni de la mienne. C’est comme ça. Je ne regrette pas mon passé, il m’a rendu plus forte. Je me suis forgée une carapace (dont je reparlerai plus tard)


Je porte encore certaines cicatrices et, parfois, je les regarde et je me souviens de ce voyage. Peu importe que ce soit un rêve ou non, je vis avec cette sensation de l’avoir vécu. Finalement, il semblerait que Neverland attendra encore avant de m’accueillir


Si tu es familier avec les EMI, saches que c’est ce dont parle cette chanson. 


Si vous traversez une période difficile, que vous vous sentez en détresse, que vous vous sentez perdu, que vous arrivez à un point de non retour, ne vous isolez pas. Parlez-en ! Vous n’êtes pas seuls. Si vous connaissez quelqu’un dans ce cas, n’hésitez pas. Peu importe ce que vous traversez, vous n’avez pas à le faire seul. Il n’y a pas de honte à se sentir mal et sachez qu’il y aura toujours quelqu’un pour vous : 

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